Commençons avec Ys, qui reprend de son
modèle vert au chapeau pointu un univers heroic-fantasy, à la
différence près qu'au contraire de Zelda qui a toujours su se
différencier avec plus ou moins de brio au sein de ce style très
codé, le jeu de Nihon Falcom Corp. (non jamais entendu parler avant
non plus, pourtant il ont fait un paquet de jeux) se pare avec un peu
trop d'engouement dans un monde des plus bateaux. Le manque de
personnalité est tel qu'il est très facile à comparer avec les
productions RPG Maker les plus anonymes, et si c'est peut-être un
détail pour vous, pour moi, ça veut dire beaucoup. Bien sur, si
c'est dommage - surtout que les dialogues restent un peu trop
nombreux à mon goût, ce n'est pas suffisant pour noyer un jeu, dès
lors continuons notre scientifique description. Le gameplay s'axe
principalement sur un système de combat assez fun, vu d'en haut,
avec saut, coups normaux enchainables, déplacements sur huit
directions, attaques spéciales à débloquer (ainsi que quelques
mouvements supplémentaires comme la course ou le double saut, à
l'image d'un Samus plus que d'un Link sur le coup), mais aussi un
aspect un peu plus RPG que prévu, avec points d'expérience,
leveling et équipement à acheter (ou à dénicher dans les niveaux)
pour améliorer attaque et défense. Les bases sont extrêmement
classiques mais la tambouille sympa, voilà, bon ben bravo c'est bien
on y reviendra sans doute.
Hell Yeah commence bien mieux en
proposant un pitch plus original et amusant, vous y incarnez en effet
un lapin roi des enfers, parti massacrer du démon pour une histoire
de vengeance comportant un canard en plastique. L'univers y est tout
de suite beaucoup plus atypique et surprenant, avec de nombreux
nivaux aux thématiques variées (casino, usine, prison, espace ...)
le tout se voulant baigner dans un humour débile constant. Le
gameplay s'avère par contre relativement aussi classique que son
rival désigné, bien que plus varié, les deux phases de jeu
principales consistant à du plate-former basique dans des niveaux
vaguement labyrinthiques, où il vous faudra éviter les ennemis
jusqu'à trouver une façon détournée de les achever, et à un
Metroid sous méthamphétamines, où vous n'aurez qu'à choisir entre
shotgun, mitraillette et scie circulaire géante pour décimer les
rangs adverses à toute berzingue. Quelques objets sont aussi ici
cachés dans les différents mondes à explorer, mais si plusieurs
armes et améliorations de vie peuvent être acheté aux enseignes
marchandes, le reste des items consiste en une collection de parures
esthétiques pour votre lapin diabolique. Si c'est amusant un temps,
difficile de se passionner pour ça à long terme. Enfin il est à
noter que vous serez souvent amenés à tester divers nouveaux types
de jouabilité, avec du shoot-them-up ou du submarine-maze par
exemple (oui c'est un genre que je viens d'inventer, mais je trouve
qu'il décrit très bien.)
Maintenant que vous savez grossièrement
à quoi ressemblent nos petits amis, il est temps de les coincer dans
une boite et de secouer très fort pour voir ce que ça fait. D'un
point de vue purement esthétique tout d'abord – et dans un soucis
de donner la priorité à l'aspect le plus superficiel - difficile
de sauver Ys. Sans être une torture visuelle, le jeu n'est qu'une
accumulation de banalité un peu laides dans des tons bruns-gris,
avec des décors en 3D pas top et des sprites précalculés en 3D
pas-top-non-plus, l'ensemble n'offrant rien de très intéressant.
Hell Yeah, bien qu'handicapé par un aspect flash qui ne sera pas du
goût de tout le monde (moi même j'ai un peu du mal), s'en sort
indubitablement mieux. Il a en effet à son avantage une créativité
graphique assez foisonnante, pleine de couleurs fluo et de
personnages idiots, difficile à accuser de déjà-vu. On pourrait
pinailler en précisant que l'abondance de lumières flashy et de
détails débiles nuit à la lecture de jeu, mais ça serait un peu
hypocrite au vu du très peu de situations où cela gêne
véritablement. De façon générale le bébé d'Arkedo s'en sort
vraiment mieux que son camarade fantasy-bas-de-gamme, et pan dans les
dents, pet dans la tête.
Et comme tout le monde sait que les
graphismes c'est le plus important, le test s'arrête ici, fin.
Ahaha, je vous ai bien eu, non en fait c'est pas terminé, car qui se
veut prendre Nintendo pour exemple se doit de le savoir : le
noyau vital d'un jeu c'est le mode d'emploi. Le gameplay, pardon, oui
le gameplay c'est le plus important, et par ailleurs ici le débat
s'annonce plus juteux. Si Hell Yeah fonctionne assez bien de façon
générale, il faut bien dire qu'il se noie un peu dans sa
multiplication de gameplays, et dans son envie d'inviter le joueur à
un grand festival de délires : tirer avec un canon géant sur
tout l'écran, gérer une île pleine de monstres, jusqu'à
participer à un QTE complètement stupide pour exécuter chaque
adversaire important du jeu (il y en a 100). Au final tout cela se
perd dans le pudding et se fait au détriment d'un véritable système
de combat ou de plate-forme, ou d'exploration, ou même de façon
général d'un game design digne de ce nom. En voulant trop être un
univers amusant, il oublie parfois un peu d'être un jeu amusant.
Bon, je n'irais pas jusqu'à dire qu'il est vraiment mal fait et
qu'on ne prend aucun plaisir à avancer, mais les développeurs
semblent avoir pensé que le fun prodigué par les situations
prévalait sur le reste, et l'important se trouvait plus dans l'idée
(et son nombre) que dans son exécution.
Pourtant Earthworm Jim 2, par exemple,
avait a peu près le même parti-prit et s'en sortait honorablement,
faisant suffisamment rire son joueur au fil de ses niveaux stupides
(et funs pour la plupart) pour ne pas le perdre. Ici malheureusement
d'autres défauts empêchent le rire d'emporter le pas sur le reste.
Tout d'abord, et là ça va faire mal, car l'humour n'est pas très
drôle. Si il y a bien quelques gags souriants la majorité est un
peu pathétique, et pourtant c'est pas faute d'avoir essayé. Les
gags se basent principalement sur deux axes : les références,
qui seront sans doute mortes dans quelques années, et la
super-violence débile, qui – à mon sens – échoue de part
l'aspect flash dont je parlais plus haut, limitant bien trop les
sprites et les animations. Par ailleurs, et au contraire d'un Monkey
Island ou d'un Portal, aucun personnage n'est poussé, aucune
situation pensée au delà du concept de mega-délire. Le fun retombe
dès lors bien vite comme un château gonflable sans bouchon, et a un
peu l'impression d'assister à un one man show pas drôle qui rigole
toujours plus fort de ses propres vannes pour s'auto-convaincre qu'il
est sensas.
Et une fois tombé le panneau du lol en
cascades, on peut voir qu'il n'y avait de toutes façons pas grand
chose pour le soutenir derrière. Le jeu n'est pas le Metroid-like
qu'il pourrait être : les objets d'amélioration sont rares et
pas très importants, les retours en arrière dictés par un chemin
prédéfini qu'il ne sert à rien de quitter, le level design triste,
et le tout est englué dans une facilité générale (contre-balancée
par quelques passages plus frustrants que difficiles), une
maniabilité flottante et une durée de vie légère (il me manquait
un trophée à un la fin du jeu, je l'avais débloqué 20 minutes
plus tard, portant mon nombre d'heures de jeu à sept). Certes le jeu
n'est pas vendu très cher, mais il ne tient que très peu de ses
promesses, et, surtout, se vautre complètement quand on le compare à
n'importe quel autre soft du même genre, quel que soit le domaine
ciblé. C'est bien dommage car il est aussi rare de croiser un vrai
Metroid-like qu'un vrai jeu drôle, et Hell Yeah échoue dans les
deux catégories, auxquelles il se prétend pourtant appartenir.
Pendant ce temps, le très laid Ys
attend dans son coin, espérant qu'on l'aie oublié, regardant ses
pieds en imaginant qu'on va le gronder parce qu'il est tout gris. Et
pourtant, à l'image de la grosse chaussure toute moche de l'ouvrier,
qu'il a acheté chez l’artisan un peu bête du village, la qualité
est là, et le jeu a une semelle bien plus résistante que la basket
de marque tunée par des hipsters branchés de la ville, ses lacets
sont plus solides et son toucher plus doux. Et oui, contre toute
attente et dans un flash de lumière intense, voici maintenant que le
vilain petit canard se cabre et se transforme, des jets d'étoiles
magiques sortant de ses ailes déployées, et devient un vrai canard
très sympa. Oui, non, pas un cygne, un canard, c'est un blog sérieux
ici, on donne pas dans le foufou. Ys est tout simplement bien
meilleur que Hell Yeah, et ce sur quasiment tous les points à part
l'originalité : efficacité du système de combat, variété
des ennemis et de l'architecture au sein d'un même gameplay,
invitation à l'exploration, difficulté générale plutôt haute
(j'ai d'ailleurs pas encore réussi à le finir, les boss sont
méchants), clarté, dynamisme, sobriété, efficacité. Ys est tout
simplement un super chouette jeu d'action-RPG, avec le brin
d'exploration à la Zelda qui va bien (genre les niveaux sont
relativement linéaires, mais on fait quand même pas mal
d'aller-retours pour découvrir de nouvelles choses).
Et là je pense à un truc : j'ai
souvent défendu des jeux au gameplay moyen mais à l'ambiance
atypique (Sword and Sworcery, Rez, Gitaroo Man, ...), et au contraire
méprisés des jeux amusants mais au scénario ou à l’atmosphère
super bateaux (Assassin's Creed II, FFXII, ...), alors comment se
fait-il qu'ici je détruise l'original et que je félicite le banal ?
Hell Yeah d'abord - en plus du fait de se louper sur l'humour, part
principale de l'ambiance qui est censé le sauver - pèche en
multipliant les gameplays, ce qui met (involontairement?) l'accent
sur ceux-ci, ne cessant de faire observer au joueur à quel point ils
ne brillent pas par leur génie et leur calibrage. Ys, quand à lui,
n'a pas la stature d'un AAA, ce qui le rend sans doute moins
prétentieux que mes autres exemples dans sa catégorie; je peux me
tromper mais il ne semble pas issu d'une équipe de 300 personnes
travaillant pour créer un must-have et ayant oubliés d'engager un
vrai scénariste. Il est le produit d'un petit studio qui semble
relativement bien au courant de ses faiblesses et qui fait de son
ambiance et de son récit, bien que présents, des éléments
secondaires pour se concentrer sur ce qu'ils savent vraiment faire :
un jeu amusant.
Tous les screens de l'article sont volés directement et sans aucune honte à jeuxvideo.com.
Tous les screens de l'article sont volés directement et sans aucune honte à jeuxvideo.com.
Un très intéressant combarticle. Les images sont un brin trop petite et il manque peut-être les années de sorties des deux titres, mais pour un premier test de jeux vidéo, je trouve que tu t'en sors très bien. Tu devrais en faire plus souvent. Et faire des jeux aussi, avec des fantômes et un batteur qui vient purifier leurs âmes !
RépondreSupprimerAh mince, ce blog existe depuis à peine quelques heures, je ne puis duper personne !
Bon, ben c'était bien, merci !
En regardant ta comparaison j'ai bien rigolé. Comment peut-on comparer deux jeux qui n'ont quasiment rien à voir. Pourtant, t'arrives à quelque chose même si Ys ne s'inspire pas spécialement de Zelda étant donné que c'est une très vieille série qui a commencé en 1987 soit moins d'un an après Zelda. Contrairement à ce dernier il avait ajouté bien des systèmes ainsi que tout un univers, des quêtes, des dialogues (le dialogue avant le boss final a marqué bon nombre de gens).
RépondreSupprimerPar la suite, Falcom a enchainé les jeux en restant dans une même mentalité : faire des jeux classiques mais d'une très grande qualité et difficulté. Ys Oath in Felghana est un remake du troisième opus, qui était lui en 2D. Ils ont réussi à le sublimer et à le transformer en l'un des meilleurs opus de la série. Même si les environnements sont toujours aussi classiques et que l'histoire n'est pas spécialement prenante, elle se laisse suivre et la qualité de l'ensemble et surtout du gameplay qui nous pousse à continuer. L'équipe est moindre et ils tentent de faire des bons jeux et de les sortir hors du japon pour que tout le monde puisse en profiter. Ce sont des gens humbles, des gens cools qui donnent de l'amour.
Par contre, Hell Yeah, mais c'est un jeu trop osef. Il se perd dans trois milles gameplays différents et inintéressants. Il ne va pas spécialement au bout des choses, l'humour n'est pas drôle, le tout est trop et j'ai plus eu l'impression d'être devant un mauvais épisode de Happy Tree Friends version pseudo geek branlette. J'ai été énormément déçu et je n'ai pas spécialement continué le jeu.
Donc je peux te garantir que lorsque je suis arrivé à la moitié de ton pavé, je préparais déjà mes fourches et mes torches pour venir te casser la tête, mais fort heureusement la raison est revenu à toi dans ce dernier paragraphe.
Sinon, bon petit pavé, je ne peux que te conseiller de faire les autres Ys qui sont d'une très bonne qualité. Fait le remake des deux premiers, fait Napishtim, Origin et le 7 sur Psp.
Sur ce bisous.
Yay merci pour vos commentaires.
RépondreSupprimerNoé > Je prend note pour la taille des images.
Il était prévu dans mes plans de m'essayer à d'autres Ys, j'ai fait celui-ci via Steam, et Origin s'y trouve aussi, il est donc le prochain sur ma liste. Sinon c'est intéressant de savoir que la série est presque aussi vieille que Zelda, l'inspiration qui me semblait évidente se pourrait dès lors n'être qu'une surprenante ressemblance. Merci pour tes précisions.
Ho oui, ho oui c'était bien, un article dans toute sa puissance et toute sa beauté, j'aime, j'aime, c'est bien écrit et c'est plein de jolis mots compliqués qu'on se sent intelligent quand on les lit. J'aime ce que vous faites Mr Ghost. Vous êtes cool. Ouais, particulièrement cool, en vérité.
RépondreSupprimerFaites en plus, plus, plus, sur d'autres sujets tout aussi vachement yeah waw yeah !