samedi 7 mars 2015

Street Fighter III : Third Strike




Les jeux de combat c'est vraiment un truc rigolo, il y a plein de personnages, on les essaie tous, on tente de faire les coups spéciaux et puis on finit toujours par marteler le gros coup de pied en balayette que l'adversaire sait pas garder. Parfois il y a un mode solo où on peut débloquer du contenu, comme dans Soul Calibur, et c'est vraiment très amusant on se passe la manette pour battre l'IA en faisant un peu n'importe quoi, des après-midi de rigolade assurés. Personnellement je n'ai jamais été plus loin que ça, j'ai toujours utilisé ce genre majoritairement comme prétexte à rassembler des amis avant une partie de Mario Kart, ou de Super Smash Bros Melee. Mais il y a eu un moment, je ne sais plus quand exactement, on s'est mis à regarder des championnats de Street Fighter IV avec un ami.


Au début on trouvait juste ça comique que le commentateur (Ken Bogard, au passage, si ça vous intéresse) s'excite comme un diable sur un mec qui saute au bon moment ou réussi une choppe alors que ça semblait peu probable. On comprend même pas la moitié du vocabulaire mais c'est vraiment fun, beaucoup plus que le sport traditionnel en tous cas. Alors on essaie Street Fighter nous aussi. Des versions au pif : le II Turbo, puis le IV Arcade Edition, et l'Alpha. Comme dans un jeu normal on fait des balayettes et on est contents de sortir des coups spéciaux. Puis petit à petit on apprend les mots techniques : Dash, Cancel, Overhead, Anti-air... On commence à trouver de petites stratégies qui tiennent le temps que l'adversaire en trouve une mieux. Puis on essaie Street Fighter III, le mal aimé.

Street Fighter III est sorti en 1999, cinq ans après Street Fighter II Turbo, le jeu mythique auquel presque tout le monde a joué sur super nintendo. À l'époque, l'attente des fans est terrible, et Capcom se sent d'humeur très audacieuse : du cast d'origine il ne reste que Ryu et Ken, tous les autres ont été remplacés par des nouveaux venus. Plus tard, Akuma, puis Chun-Li seront ajoutés, mais aucun autre "classique" ne rejoindra jamais le roster. Les fans fulminent, et détestent la quasi-majorité des combatants du jeu, jugés trop bizarres, d'aspect ou de gameplay. Et ils ont carrément tort, car ils sont tous excellents ! Aucun jeu de combat 2D n'est aussi joli que celui-ci, les animations sont prodigieuses de fluidité et le chara-design est brillant. Pourtant le jeu ne trouvera jamais son public, et tombera dans l'oubli, emportant la licence avec lui jusqu'à la sortie, en 2008, de l'épisode IV, qui ramènera toutes les têtes tombées du deuxième épisode, et donc l'adoubement des fans hardcore.


Nous, ce jeu, on l'adore. On le trouve joli, on aime les personnages. Par contre il est vachement difficile : les coups spéciaux demandent du timing, les personnages mélangent charges et quart-de-cercle, l'équilibrage est étrange, et surtout le jeu va très vite, en comparaison avec son petit et son grand frère. Il est nerveux, violent, fluide comme de l'eau avec un katana. On en est dingues, en fait. Maintenant, chacun a son personnage. On a été s'entrainer dans une salle d'arcade à Paris, et on a même tenté le championnat en équipes du Stunfest, où, bien sur, on s'est fait démolir. Mais on n'abandonne pas, on abandonnera jamais. Parce que maintenant on arrive à lire régulièrement les mouvements des autres. On arrive à garder, et à parrer parfois, cette mécanique unique au jeu qui consiste à appuyer en avant au moment même où l'adversaire frappe, afin d'annuler son coup complètement et de pouvoir contre-attaquer immédiatement. Une manoeuvre particulièrement compliquée et risquée, mais qui donne lieu à des actions héroïques et spectaculaires.

Maintenant on a tous un stick, et une façon de jouer qu'on tente de modifier en permanence pour en effacer le plus de défauts possible, augmenter la palette de réactions, et perfectionner notre défense. Parfois on perd vingt matchs d'affilée, parfois on déteste Street Fighter pour toujours, puis on revient le lendemain pour écraser toute la terre. Parfois on lit dans l'ennemi comme si c'était un livre, et on danse avec lui pour le détruire. On s'insulte, on se félicite, on transpire ensemble sur nos gros boutons en plastique. On passe des heures à faire les mêmes erreurs qui deviennent de mauvais réflèxes puis on trouve une façon de les contre-carrer, en les remplaçant par une manœuvre deux fois plus difficile à faire, mais qui rend fou le mec d'en face. Et ça c'est trop génial. Les jeux de combat pour moi ce n'est plus le truc pour attendre Mario Kart. Les jeux de combat, d'abord c'est Street Fighter Third Strike, et c'est vraiment un truc vénère, un entrainement rigoureux, de la frustration et des moments de lumière divine dans la tête. C'est des amis, des nouveaux venus qu'on doit initier, des mecs trop fort qu'on rêve de vaincre, des vidéos qu'on regarde plus pour rire mais pour comprendre. C'est une montagne qui reste encore à escalader, mais depuis le flanc de laquelle on voit déjà vachement loin, et on est vraiment très content que ce vent glacial et coupant nous attaque le visage, parce que dans ce vent il y a une odeur de puissance qui enivre violement.


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Alors donc pour ceux que ça intéresse SF III existe en plein de versions, mais celle qui est jouée aujourd'hui quasi-uniquement c'est la 3.3 : Third Strike. Personnellement j'y joue sur deux supports : Ma PS3, avec le remake HD qui a des avatanges mais aussi des inconvénients. Il coute une quinzaine d'euros, et il est bien sur possible d'y jouer en ligne. Mais si vous doutez, ce que je comprendrai très bien, il est possible de télécharger pas très légalement la version arcade et d'y jouer sur internet grâce à un très bon programme qui s'appelle Fightcade, et qui est normalement compatible PC/Mac/Linux, bien que ça ne soit pas encore totalement prouvé. Si quelqu'un est intéressé, je suis carrément motivé à initier aux bases du jeu, que ce soit par skype ou via le chat textuel intégré au programme. Mais je ne suis pas expert du tout, et il faudra s'armer de patience et de détermination pour avancer dans un monde impitoyable où tout le monde joue le même personnage depuis 15 ans. Mais plus la montagne est haute, plus la montée est trépidante n'est-ce pas ?


Et je termine avec la vidéo du mythique EVO Moment 37, un truc qui date de 2004, où Daigo, champion japonais jouant Ken, réalise une série de parry incroyables face à la Chun-Li de Justin Wong, le prodige américain, puis le bat en exécutant sa super. Comme vous pouvez le deviner en assistant aux réactions de la salle, c'est assez difficile à faire, et ça en a motivé plus d'un à se lancer dans le jeu de baston.

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