dimanche 20 janvier 2013

Hotline Miami

Crak crak font les dents qu'on casse avec une barre en fer, cachons nous derrière une porte, le type avec le fusil ne nous a pas entendu nous allons pouvoir lui ouvrir le visage avec une brique, puis le finir au sol à coups de couteau. Du sang partout sur la moquette mauve, c'est joli, mais d'autres malfrats nous attendent, un chien découpé en deux, nous passons devant une vitre et pan on est mort. C'est pas grave on recommence immédiatement, cet enfoiré ne perd rien pour attendre, il finira forcément par terre, en un gros tas de viande humide, à coté de tous ses amis morts.

Hotline Miami est un jeu d'action extrêmement brutal en 2D vu d'en haut. On y incarne principalement une sorte d'assassin, contacté par son employeur via d'étranges messages téléphoniques, et portant des masques d'animaux pour nettoyer des étages entiers de ses occupants. L'ambiance est d'un retro plus vrai que nature, et je ne dis pas ça parce que c'est en pixel : toute la beauté des années 80 y resplendit au meilleur de ses couleurs, de ses typos, de ses sons et lumières. Un univers dans lequel on loue des cassettes vidéos et où les combinés ne sont pas portables.



Le scénario du jeu est présent mais pas envahissant, relativement simple sans être débile, et clair sans être vierge de mystères. Si il peut être résumé en quelques lignes, il reste cependant facilement sujet à l'interprétation. C'est cette sobriété, allié à sa cohérence avec l'ambiance et le gameplay, qui le rend efficace et prenant. Par ailleurs l'univers est loin d'être vide, entre chaque mission quelques lignes de dialogue, des atmosphères solides, des routines qui sont brisées (à la manière d'un Killer 7, avec lequel c'est d'ailleurs loin d'être le seul point commun). Dur à décrire véritablement, mais Hotine Miami comporte quelque chose de fort, au delà même de la boucherie que sont ses phases de jeu.

Ces phases, venons-y car elles sont bien le sel sur la plaie ouverte. Violentes, vous l'aurez compris, mais aussi très nerveuses et stylisées : le jeu est aussi impitoyable qu'accessible : la mort survient souvent en un seul coup, mais la reprise de la partie est immédiate, et votre personnage réapparait instantanément au début de l'étage de votre défaite. Les essais s'enchainent, les stratégies se créent, les trajets pour éviter les hommes avec des fusils et s'occuper en premier de ceux se défendant à l'arme blanche : tuer sans arme à feu est silencieux et vous évite de vous faire repérer par le son. A cela s'ajoutent plein de mini-mécanisme qu'on apprend à utiliser pour planifier ses manœuvres : les portes peuvent assommer, certains ennemis sont inattaquables sans fusil, pas besoin de tirer dans quelqu'un pour que le bruit attire les ennemis ... Si le cœur du jeu est d'une simplicité fluide et immédiate, ses subtilités s’apprennent petit à petit et chacun aura au final ses méthodes de prédilection pour nettoyer les zones difficiles.



A tout cela s'ajoutent un panneau de scores permettant de refaire les niveaux (bon moi ça me parle qu'à moitié mais c'est toujours une feature en plus), ainsi que des armes et des masques à débloquer, offrant des capacités variées telles que des tirs silencieux ou des coups de poings mortels. Et aussi un ou deux secrets bien cachés à dénicher une fois le jeu terminé. Voilà j'ai fait le tour des fonctionnalité comme dans un test normal, ciel que je suis professionnel (le type de professionnel avec un couteau).

Hotline Miami est un très bon jeu pour tant de raisons : il possède un univers moche, pixelisé et presque cliché, mais d'une beauté sale qu'il est difficile de quitter quand on y a mis le pied. Tout y est hypnotisant : le système de jeu si simple, rapide et plein de possibilités, l'histoire qu'on imagine en grande partie soi-même et qui pourtant nous émeut, l'esthétique graphique parfaite, la bande son exceptionnelle qui nous tabasse les tympans en continu, et puis, comme dans Mad World mais en mieux, ce miroir de notre capacité à aimer massacrer des inconnus à la chaine, cette vision qu'on a de nous même, batte à la main, finissant l'homme à terre, jubilant déjà à l'idée de sa prochaine victime derrière la porte.


C'est un truc qui nous plante comme les phares d'une voiture qui nous fonce dessus, en pleine nuit, dans une ville qu'on ne connait pas. Puis on distingue dans le noir les panneaux publicitaires aux néons roses, on entend au loin cette musique de plus en plus entêtante, on reconnait les lieux petit à petit et puis l'homme au volant, le sourire dément et les yeux rouges, c'est nous.



Tampon d'appréciation final : Voiture


Les images tirées du jeu viennent de jeuxvideo.com.

Ah aussi je vous met le trailer du jeu qui est tout de même vachement bien et y'a rien qu'est tiré du jeu dedans donc même les gens qui ont très peur du spoiler peuvent le regarder.


1 commentaire:

  1. Très bon article comme à ton habitude. C'est toi qui m'a poussé à le faire et c'est pourquoi je l'ai terminé aujourd'hui (avec toutes les pièces de puzzle). Je suis de ton avis, c'est bien huilé et l'ensemble cohérent est vraiment prenant. Un bon petit jeu qui m'a occupé une belle aprème.
    Vivement tes prochains articles !

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